100 millions d’euros seraient nécessaires pour sauver Altis. Le complément serait assuré par un emprunt garanti par l’Etat et par un nouveau partenaire russe.
Le sénateur Serge Dassault a annoncé, samedi 30 janvier dans la soirée, pendant la cérémonie des voeux du maire de Corbeil-Essonnes, qu’il avait “décidé” — en tant que patron du groupe Dassault — d’apporter le financement nécessaire à la reprise d’Altis.
“IBM et Infineon ont décidé de vendre, mais ils n’ont pas trouvé de repreneurs, ils ont demandé à ce qu’on les aide mais ils voulaient que ce soit fait avant le 1er février, sinon ils arrêtaient et ils fermaient l’usine. Devant ce vide et cette menace, j’ai décidé d’apporter le financement nécessaire à la reprise d’Altis(…) nous avons rencontré les actionnaires qui nous ont donné leur accord. Ils vont mettre en place un MBO [reprise par les dirigeants avec l’aide d’investisseurs, ndlr], qui fonctionnera sous l’autorité de Jean-Pierre Beisson [directeur actuel d’Altis, ndlr]”, a déclaré Serge Dassault.
“Il assurera la recapitalisation de l’entreprise à hauteur de 40 millions d’euros sur les 100 millions d’euros nécessaires au sauvetage. L’Etat pourrait garantir un emprunt jusqu’à 30 millions d’euros. Enfin, une holding russe, AFK Sistema, opérant dans les télécommunications mais aussi dans l’immobilier et le secteur bancaire, ferait la jonction. Le plan visant à supprimer 400 emplois serait toutefois maintenu”, indique le blog du syndicat CFDT d’Altis.
1 300 emplois sont en jeu et l’entreprise rapportait 65 millions d’euros au titre de la taxe professionnelle, selon la direction. Elle devra trouver, dans un marché très concurrentiel, de nouvelles commandes jusque-là assurées par Infineon. Michel Fourgeaud, secrétaire général du syndicat Symétal sud francilien CFDT, estime cependant que le sauvetage n’est pas assuré. “Fin 2007, la holding russe GIS était pressentie pour reprendre les rênes d’Altis mais le projet avait capoté un an plus tard. Une seconde piste, celle du financier franco-algérien Germain Djouhri, avait fait surface fin 2009, avant d’être abandonnée. La troisième sera-t-elle la bonne?”, se demande la CFDT.
“L’annonce de M. Dassault s’appelle juste de la communication. J’ai cru comprendre que le groupe Dassault allait faire la jointure entre le départ des deux actionnaires et le futur repreneur, mais ce n’est pas clair. On comprend mal la logique industrielle du groupe Dassault à investir dans une société comme Altis”, déclare Frédéric Brunier, secrétaire du comité d’entreprise d’Altis.