Couverture ElectroniqueS n°127

La Commission européenne vient d'ouvrir une consultation publique « pour définir les stratégies qui devront permettre à l'Europe de jouer un rôle majeur en matière de recherche et d'innovation » dans le domaine des technologies de l'information et de la communication à l'horizon 2020. Huit ans après l'élaboration de la « stratégie de Lisbonne ” qui visait à faire de l'Europe « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d'ici à 2010 », force est de constater que cet objectif sera loin d'être atteint. Mais la Commission européenne et la présidence française de l'Union européenne ne désespèrent pas de relever ce même défi au cours de la prochaine décennie. Plus de 300 participants européens – responsables de PME, experts et décideurs politiques – se sont réunis les 15 et 16 septembre derniers, à Bercy, lors d'un colloque intitulé « Union européenne, recherche et PME » dans le but de trouver les moyens de garantir un meilleur impact économique des projets européens de recherche et d'innovation dans lesquels sont impliquées des PME. Nous reviendrons sur les débats qui se sont déroulés lors de ce colloque dans notre prochain numéro. Afin de répondre en partie au rapport du groupe d'experts dirigé par Esko Aho, ancien Premier ministre finlandais, concernant l'efficacité de la recherche sur la société de l'information dans le sixième programme-cadre de l'Union européenne (2003-2006), la Commission européenne vient, pour sa part, de lancer une consultation publique, ouverte jusqu'au 7 novembre prochain (voir encadré), « pour définir les stratégies les plus à même de porter l'Europe au premier rang de la recherche et de l'innovation », en matière de technologies de l'information et de la communication (TIC) dans les dix prochaines années. « Les TIC sont la première force d'innovation et de développement dans l'économie mondiale. C'est pourquoi, en matière de TIC, l'Europe doit attirer les investissements dans la recherche et le développement, mais aussi les meilleurs cerveaux et les meilleures idées. Par ailleurs, l'énergie, la santé et le vieillissement posent des problèmes que seul le déploiement des TIC permettra de surmonter », a déclaré Viviane Reding, membre de la Commission européenne chargée de la société de l'information et des médias. « Cette consultation est la première étape vers une stratégie intégrée de recherche et d'innovation pour le secteur des TIC, que je présenterai au début de l'année prochaine », a-t-elle ajouté. Dans son rapport, Esko Aho signale un certain nombre de lacunes majeures de la recherche et de l'innovation en matière de TIC en Europe. Par exemple, les investissements européens dans ces domaines sont insuffisants. Les TIC représentent aujourd'hui 33 % de la recherche et de l'innovation dans les pays développés à l'échelle mondiale, contre moins de 25 % en Europe, principalement à cause d'une importante fragmentation, estime le rapport. En outre, l'Union européenne représente 32 % du marché mondial des TIC, mais les entreprises européennes n'occupent que 22 % de ce dernier. Cette situation est due en grande partie à un manque de financement. Au cours des dernières années, les Etats membres se sont montrés très réticents à augmenter leur budget consacré à la recherche industrielle, certains d'entre eux l'ayant même diminué. L'Union européenne apportera un financement de 9 milliards d'euros dans la R&D en matière de TIC aux projets du septième PCRD (Programme-cadre de R&D européen), mais cela sera loin d'être suffisant pour affronter la concurrence des Etats-Unis et de l'Asie dans ce domaine. Attirer le capital-risque vers la recherchePour remédier à cette situation, la Commission européenne propose de réduire les formalités, afin d'attirer le capital-risque vers la recherche de haute technologie, comme le recommande avec insistance le rapport du Finlandais Asko Aho. « Pour que la recherche européenne puisse être convertie en croissance, en emplois et en compétitivité, il faut réduire les formalités administratives et vaincre la peur du risque, souligne Viviane Reding. Cela permettrait de créer un climat plus propice au lancement de grands projets de partenariat public-privé, telles que les initiatives technologiques conjointes pour la nanoélectronique et les systèmes embarqués, qui ont été dotés d'un financement de 5 milliards d'euros par la Commission au début de l'année. »Trois grandes questions se posent à l'Europe en matière d'innovationLa consultation publique lancée par la Commission européenne aborde trois questions essentielles.Quels sont les principaux défis futurs de la recherche et de l'innovation en matière de TIC ? À l'heure où la révolution dans les TIC se poursuit, quelles sont les priorités de l'Europe pour la recherche et l'innovation ? Comment, et dans quels domaines, l'Europe doit-elle viser le premier rang ? Certains acteurs européens de l'industrie et des technologies dominent le marché dans des domaines clés tels que les télécommunications et les systèmes embarqués. Comment conforter l'avance dans ces domaines et dans quels nouveaux secteurs faut-il s'imposer ? Quel rôle doivent jouer les politiques publiques pour porter l'Europe aux avant-postes de l'innovation dans les TIC ? Comment renforcer la politique de la recherche pour créer un marché européen de l'innovation dans les TIC ? Comment adapter des domaines stratégiques complémentaires, tels que la normalisation, l'attribution de licences et les régimes de propriété intellectuelle, pour favoriser une commercialisation rapide des résultats de la recherche ? Le document de consultation publique de la Commission est disponible à l'adresse suivante : http://ec.europa.eu/yourvoice/ipm/forms/dispatch?formICTRDI

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