Couverture ElectroniqueS n°127

La télévision en relief se concrétise un peu plus. L'été 2008 a vu la création d'une organisation industrielle et de plusieurs groupes de standardisation chargés de donner un coup de pouce à la future généralisation d'une TV 3D. Plusieurs approches technologiques sont sur les rangs. Maintenant que la TVHD est entrée définitivement dans les m&oelig;urs, les éditeurs de contenus et les fabricants de matériels d'électronique grand public se sont trouvé un autre os à ronger avec… la télévision en relief. Rien de bien étonnant à cela, vu le retour spectaculaire des films 3D dans les salles de cinéma équipées en numérique. Et ce malgré des billets au prix majoré par la location de lunettes spéciales ! Reste qu'il y a loin de la coupe aux lèvres et la généralisation d'images 3D dans tous les foyers n'est sans doute pas pour tout de suite. Il n'empêche. Des solutions techniques 3D dites » stéréoscopiques »(1) à vocation grand public sortent déjà des cartons – les téléviseurs TVHD à technologies DLP ou plasma “ 3D-Ready » commercialisés par Samsung ou Mitsubishi notamment – et l'industrie dans son ensemble commence doucement à se mettre en ordre de bataille. Le mois de juin dernier a ainsi vu la création du consortium 3D@Home qui rassemble déjà une trentaine de firmes sous l'égide de poids lourds comme Intel, Philips, Samsung, Sony, Mitsubishi, Thomson et les studios Warner et Walt Disney. Objectif : promouvoir et populariser la télévision 3D dans les foyers en élaborant des spécifications ad hoc pour l'ensemble de l'industrie du broadcast (création et production de contenus, stockage, transmission et diffusion) ainsi que pour les équipements de visualisation. L'intérêt pour la TV 3D est tel que deux organismes de normalisation, la SMPTE et la Consumer Electronics Association (CEA), ont affiché cet été leur volonté ferme de s'attaquer à la définition de standards applicables à la télévision en relief. Un procédé 3D sans lunettesL'autostéréoscopie, quant à elle, ne requiert pas de lunettes, ne provoque pas de fatigue visuelle, mais nécessite la diffusion d'un contenu relativement complexe sur les écrans, puisqu'il s'agit de proposer de multiples points de vue différents d'une même scène. Une technique maîtrisée par des sociétés comme Philips ou le français Alioscopy. Dans la pratique, les vidéos mélangeant ces divers points de vue (jusqu'à huit ou neuf) sont affichées sur des écrans LCD équipés de composants optiques lenticulaires. Chaque &oelig;il observant les lentilles sous un angle d'incidence différent perçoit alors un point de vue distinct dans la vidéo. Et ça marche même si l'&oelig;il se déplace. Philips ou Alioscopy ont déjà développé des écrans de ce type mais ce procédé, aujourd'hui à l'&oelig;uvre dans des applications professionnelles haut de gamme, n'en est pas encore au stade de la généralisation au grand public… même si Orange parlait en 2007 d'un début de commercialisation entre 2009 et 2011. Ajoutons quand même que Philips et le français Artistic Images, entre autres, ont réussi à développer des techniques qui permettent de convertir en temps réel des flux vidéo 2D classiques en flux 3D adaptés à une vision en relief en autostéréoscopie !(1) Ces technologies font en sorte que les deux yeux voient deux images légèrement décalées, afin que le cerveau puisse reconstituer l'image en relief. Les procédés stéréoscopiques de TV 3D… avec lunettesProcédé « historique » adapté à la télévision en relief (cf. l'émission spéciale de Gym Tonic diffusée en janvier 1984 en 3D avec Véronique, Davina et… les danseuses du Crazy Horse), le procédé anaglyphe fonctionne sur le principe de filtres colorés (rouge pour un &oelig;il, bleu pour l'autre généralement). Il s'adapte à n'importe quel type de téléviseur, mais le confort de vision reste limité.La projection alternée s'appuie sur l'usage de lunettes à obturateurs qui empêchent alternativement l'&oelig;il gauche ou droit de voir les images projetées. Le téléviseur doit être adapté (passage en 100 ou 120 Hz) et équipé d'un système qui contrôle la synchronisation de l'obturation des lunettes avec le téléviseur. Il faut bien que chaque &oelig;il voie l'image qui est prévue pour lui ! Le procédé à polarisation (utilisé notamment dans les cinémas Imax) consiste à diffuser les deux images, une par &oelig;il, à travers deux filtres dont l'angle de polarisation diffère de 90°. Les lunettes sont aussi équipées de deux filtres décalés de 90°, un pour chaque &oelig;il. Sur un téléviseur à écran plat, l'astuce repose sur un filtre qui polarise différemment les lignes paires et les lignes impaires et sur l'envoi des bonnes images aux bonnes lignes !

La TV 3D, ce ne sera bientôt plus du cinéma !

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