Couverture ElectroniqueS n°127

Seiko Epson se donne moins de deux ans pour faire des LCD petits formats 3D, une réalité commerciale. Le Japonais vise en premier lieu les consoles de jeu portables et plus généralement les appareils nomades. Depuis plusieurs années, les départements R&D des grands noms de la visualisation travaillent à la réalisation d'écrans capables d'afficher des images 3D sans que l'utilisateur ne soit obligé de se « déguiser » avec des lumières polarisantes. Et si, aujourd'hui, quelques LCD 3D grands formats sont d'ores et déjà disponibles sur le marché, ce n'est pas le cas pour les modèles de moins de 10 pouces. Seiko Epson entend bien changer cet état de fait et se donne 18 mois à deux ans pour commercialiser des LCD 3D petits et moyens formats qui pourraient trouver leur place non seulement dans les consoles de jeu portables, mais aussi dans tout type d'appareils nomades, et plus particulièrement les radiotéléphones. Et pourquoi ne pas imaginer, à plus ou moins court terme, une pénétration des LCD 3D dans les téléphones portables à la manière des modules appareil photo numérique ces dernières années ? C'est en tout cas le secret espoir de Seiko Epson qui vient de dévoiler un prototype de LCD 3D de 2,57 pouces censé fournir un véritable effet de relief avec une définition 3D au moins équivalente à celle des LCD conventionnels de cette taille. Utilisant une matrice active en silicium polycristallin basse température (LCD-LTPS)*, l'afficheur en question offre ainsi une définition 3D équivalente à 384 x 256 pixels, supérieure au standard QVGA (320 x 240 pixels) qui équipe nombre de LCD de radiotéléphones. A l'instar de la plupart des écrans 3D, l'effet de relief est obtenu ici grâce au procédé de stéréoscopie qui, rappelons-le, consiste, dans sa version basique, à restituer deux images d'une même scène prise sous deux angles de vue légèrement différents, de telle sorte que l'&oelig;il droit de l'observateur voit uniquement l'une des images et l'&oelig;il gauche l'autre image. Un effet de relief proche de la réalitéPour obtenir un véritable effet de profondeur proche de la réalité, il est important que les images 3D soient constituées non pas d'un couple mais de plusieurs couples d'images 2D qui correspondent à autant d'angles de vue légèrement différents d'une même scène. Les images 3D sont alors restituées via un système de lentilles lenticulaires placé devant l'écran et qui permet de juxtaposer horizontalement ces multiples images 2D dans le plan d'observation de l'afficheur selon un pas équivalent à la distance moyenne entre les deux yeux de l'utilisateur (62 à 65 mm). Ainsi, dès que l'observateur se déplace horizontalement de cette distance, il perçoit la même scène 3D mais sous un angle différent que celui observé dans la position initiale. C'est ce principe qu'utilise Seiko Epson dans son prototype, avec huit images 2D différentes pour recréer une image 3D, à la différence près que les huit images sont juxtaposées selon un pas divisé de moitié (31 à 32,5 mm) de manière à atténuer les inhomogénéités de l'image 3D, lorsque l'utilisateur se déplace horizontalement devant l'écran ou fait légèrement pivoter ce dernier (pour le prototype d'Epson, l'angle maximum d'observation 3D est de ±12,5°, ce qui est suffisant pour une application nomade). Problème : si la restitution de la 3D par images multiples est bluffante, elle affecte grandement la résolution horizontale perçue par l'utilisateur. Dans le cas d'un agencement de pixels couleur standard (chaque pixel couleur est constitué de trois sous-pixels RVB juxtaposés horizontalement), elle est ainsi divisée par huit lorsque l'écran affiche huit images pour recréer une image 3D, tandis que la définition verticale reste identique. Difficile dans ces conditions de restituer une définition 3D correcte, même avec un écran qui possède en natif une définition élevée. Comment Seiko Epson opère-t-il alors pour que son afficheur délivre une telle définition 3D alors que cela semble impossible sur le papier ? La réponse se trouve justement dans l'agencement des pixels couleur dont les sous-pixels sont disposés non pas horizontalement mais en forme d'escalier. En procédant ainsi, le Japonais réduit la résolution horizontale 3D à seulement 3/8 de la résolution horizontale native, alors que ce facteur est fixé à 1/3 pour la résolution verticale. Ainsi, avec un écran LCD doté d'une définition native XGA de 1 024 x 768 pixels, ce que le Japonais a pu réaliser grâce à sa technologie LTPS, il est possible de restituer une définition 3D de 384 x 256 pixels. Reste à savoir à quel prix Seiko Epson pourra proposer ce petit bijou. * cf lexique page 54

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