Couverture ElectroniqueS n°127

Les annonces de suppressions d'emplois se succèdent à un rythme effréné dans l'industrie électronique, dépassant les 78 000 postes depuis le début de l'année. Depuis début janvier, il ne se passe pratiquement pas de jour sans qu'un acteur de l'électronique n'annonce des suppressions d'emplois. En ne comptabilisant que les plus importantes en terme quantitatif, nous en avons dénombré, à l'échelle mondiale, plus de 78 000 depuis le début de l'année dans le domaine de l'électronique (voir tableau ci-contre) ! Selon certaines estimations rapportées par Le Figaro, les pertes de l'industrie high-tech (incluant les logiciels et les services) dépasseraient 200 000 emplois dans le monde depuis octobre, dont plus de 95 000 aux Etats-Unis et 41 000 en Europe. La crise économique ne fragilise pas seulement les PME poussant au dépôt de bilan celles qui rencontrent des difficultés de trésorerie, mais entraîne également des faillites et des restructurations massives par mi les grands groupes. Une crise sans précédent pour l'électronique qui affecte tous les domaines d'applications fortement consommateurs de composants. Des suppressions d'emplois par milliers, voire par dizaines de milliers, des fermetures d'usines, des mesures de chômage partiel, des procédures de faillite ont été annoncées dans l'automobile, l'électronique grand public, les télécoms, l'informatique… Des mesures drastiques qui commencent à rejaillir sur toute la chaîne d'approvisionnement, notamment chez les fabricants de composants (voir encadré) et la sous-traitance électronique qui annoncent à leur tour des plans de restructurations.Se préparer aux marchés de l'après 2010Si plusieurs de ces innovations sont déjà une réalité dans certains pays, ce n'est pas encore le cas dans un grand nombre d'Etats européens dont la France. Et pour celles qui n'ont pas encore réellement émergé, telles que la 3D ou les écrans Oled, les efforts de R & D sont indispensables pour envisager une baisse des coûts de revient, et donc des prix de vente, condition sine qua non pour faire décoller les marchés relatifs à ces produits. En informatique, ce sont des innovations tels que les « notebooks » qui ont permis de limiter la casse sur le marché des PC en 2008, et dans quelques années, peut-être moins, ce seront probablement les écrans tactiles intégrés aux PC qui feront l'essentiel de la croissance. De même, la voiture électrique n'est pas encore pour demain (Renault-Nissan annonçant par exemple sa commercialisation à partir de 2012), mais « c'est aujourd'hui que les produits de demain se conçoivent », souligne Emmanuel Arnould, président du Geicet. « Aussi est-il essentiel d'investir dans des équipes de R & D dédiées au développement de ces produits si nous voulons conserver notre leadership dans la high-tech », ajoute-t-il. Autre vecteur de croissance, la maîtrise de l'environnement dans le domaine des transports, mais également pour l'ensemble des produits électroniques, gagnera en importance. La législation européenne – et probablement mondiale dans quelques années – obligera les industriels qui veulent rester dans la course à consacrer d'importantes ressources de R & D au développement de composants et de systèmes électroniques permettant une meilleure efficacité environnementale. Autant de marchés qui, en sortie de crise, permettront à ceux qui en auront gardé les moyens, de devenir les leaders de demain.10 % à 15 % d'effectifs en moins pour de nombreuses entreprisesSelon un analyste d'un cabinet d'études du secteur de l'électronique qui souhaite garder l'anonymat, la plupart des vagues de suppressions d'emplois annoncées par les grands groupes représentent entre 10 % et 15 % de leur effectif global, qu'ils soient ou non fortement déficitaires.Cette observation nous amène à nous demander s'il n'y aurait pas, parfois, un effet d'aubaine de la part de certaines entreprises qui en profiteraient pour faire passer plus facilement des plans sociaux en invoquant le prétexte de la crise, lesquels seraient plus difficiles à faire admettre en temps normal.Certains industriels résistent d'ailleurs à la tentation de supprimer des emplois. Ainsi, s'il entend bien réduire ses coûts d'approvisionnement et réorganiser certaines activités par ces temps difficiles, l'allemand Siemens est resté à l'écart de la mise en place d'une telle mesure.De même, en dépit de la grave crise qui affecte le secteur automobile, l'équipementier allemand Robert Bosch n'a procédé à aucune suppression de poste à ce jour. Preuve que certaines entreprises restent particulièrement solides malgré la tempête…

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