Retour vers le futur

Le 08/12/2024 à 16:53 par Frédéric Rémond

Le poids d’Intel dans l’industrie des semi-conducteurs est tel que l’annonce du débarquement de son CEO ne peut guère passer inaperçue. Beaucoup a déjà été dit et sera dit encore sur les intrigues de palais qui ont précipité le départ de Pat Gelsinger. En particulier, le directoire du fabricant de processeurs, dont le rôle est non seulement d’appréhender l’état réel de l’entreprise et de superviser sa stratégie, mais aussi d’assurer le lien entre l’exécutif et les actionnaires, semble avoir failli dans sa tâche – ce directoire a d’ailleurs été modifié dans la foulée du départ du patron d’Intel.
Sur le fond, c’est l’avenir des usines d’Intel qui est en jeu. Ces usines étaient au cœur de la stratégie décennale de Pat Gelsinger, qui misait sur le retour à l’excellence des lignes de production de l’Américain pour augmenter ses marges et mieux concurrencer ses adversaires qui utilisent les fabs de TSMC. Qu’elle ait été vouée au succès ou à l’échec, cette approche impliquait une phase de lourds investissements (fortement soutenus par les subventions publiques américaines, mais aussi européennes) et donc de vaches maigres pour les actionnaires. Ceux-ci ont tranché, et choisir le chief financial officier et le responsable produits pour assurer l’intérim de Pat Gelsinger n’augure rien de bon concernant son pari d’un redressement basé sur la fonderie.
Il faudra sans doute attendre la nomination d’un CEO titulaire pour connaître la nouvelle direction prise par Intel et savoir ce que l’Américain entend faire de ses usines. Une chose est sûre : aucune des directions qui s’ouvrent à lui ne sera facile à suivre, ni immédiatement lucrative.

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