En 2022 déjà, après la crise de gouvernance qui avait secoué Soitec, un mouvement de grève avait mobilisé les salariés de l’usine de Bernin (Isère) qui réclamaient une amélioration de leurs conditions de travail. Il s’agissait alors d’une crise de croissance : pour répondre aux carnets de commande bien remplis, les cadences en hausse mettaient à mal les moyens humains du fabricant de tranches de semi-conducteurs, en dépit des embauches.
Mêmes causes, mêmes effets la semaine dernière, avec un préavis de grève partielle déposé par la CGT Soitec du samedi 28 septembre au mardi 1er octobre. Le syndicat dénonce la surcharge de travail, le manque d’effectif chronique, les burn-out qui s’accumulent. « Il y a quelques années, Soitec pouvait se targuer d’être à la pointe de l’innovation technique, mais également sociale (rémunérations et conditions de travail) en comparaison des entreprises de notre bassin d’emploi. Aujourd’hui, nous sommes dans une société à deux vitesses : notre directeur général et notre Comex s’accordent de larges augmentations et/ou évolutions alors que pour le reste de l’entreprise, c’est une toute autre histoire. Cette politique salariale qui n’est plus à la hauteur, conjuguée à ce phénomène d’abandon des salariés à leur sort, pousse bon nombre d’entre eux à démissionner. » A titre indicatif, le directeur général de Soitec, Pierre Barnabé, a touché une rémunération annuelle de 2,1 millions d’euros pour l’exercice 2023-2024, en hausse (prorata temporis) de 42% ; dans le même temps, le chiffre d’affaires de la société baissait de 10%, et son résultat net de 24%.
L’avenir dira si salariés et direction ont réussi à s’entendre suite à ce mouvement d’ampleur limitée. La semaine dernière, les grévistes commençaient leur service une heure plus tard et le finissaient une heure plus tôt, mais les syndicats n’excluent pas une mise à l’arrêt de la production.