En économie, les choses sont souvent plus compliquées qu’il n’y paraît. Il ne faut pas pour autant se laisser intimider par un jargon bardé d’acronymes et d’anglicismes cachant mal un fonctionnement somme toute prosaïque : quand certains gagnent de l’argent, d’autres en perdent. Heureusement, le hasard de l’actualité fait régulièrement se télescoper des nouvelles illustrant ce principe.
Ainsi, Stellantis et Renault viennent de publier des résultats 2023 extrêmement favorables. Si Renault dispose d’une envergure moindre et avait été lourdement impacté par la nationalisation de ses actifs russes, Stellantis a, lui, réalisé des bénéfices coquets (18,6 milliards d’euros, soit quasiment 10 % de son chiffre d’affaires) – tant mieux pour lui.
Dans le même temps, l’Etat français a stoppé dès février sa subvention au leasing de véhicules électriques, dont le coûteux succès avait déjà dépassé, et de loin, les montants prévus pour l’ensemble de l’année 2024. Outre-Rhin, le gouvernement, qui tend pourtant à bichonner son industrie automobile, avait lui mis fin aux aides à l’achat de voitures électriques en fin d’année dernière. Des aides qui avaient, depuis 2016, coûté 10 milliards d’euros aux contribuables allemands pour 2,1 million de véhicules électriques.
Difficile de ne pas voir dans ces mesures d’aide publique un transfert difficilement justifiable entre les impôts des particuliers (y compris ceux qui n’ont pas le permis de conduire) et les dividendes versés aux actionnaires de constructeurs automobiles. Si ces derniers étaient dans le besoin, pourquoi pas ; mais ce n’est pas le cas, loin s’en faut. Dès lors, mieux vaut sans doute ne pas les contraindre dans une posture d’assistanat.