Bouclé fin 2015 pour 16,7 milliards de dollars, le rachat d’Altera par Intel promettait d’associer FPGA et processeurs Xeon dans les centres de données, mais aussi de promouvoir les circuits logiques programmables dans l’IoT en « combinant la technologie FPGA d’Altera et les technologies de production d’Intel ». Quelques années plus tard, la logique programmable n’a pas fait l’incursion espérée dans les data centers, l’Internet des objets n’est plus vraiment au centre des préoccupations d’Intel et sa machine industrielle a connu de sérieux hoquets. Dès lors, la revente annoncée de feu-Altera peut se comprendre, un an après celle de Mobileye. Pour l’année 2021, Gartner estimait qu’Intel/Altera ne détenait plus que 29% du marché des FPGA, devant Lattice et Microchip (respectivement 7% et 6%) mais loin derrière AMD/Xilinx (51%). La future semi-indépendance d’Altera lui permettra peut-être de mieux lutter contre son éternel rival, mais aussi de relancer ses investissements hors des centres de données, y compris avec des FPGA à densité réduite.
Pour Intel, il s’agit de dégager les marges nécessaires pour propuler ses usines de fabrication au niveau des meilleurs fondeurs mondiaux, qu’il entend désormais concurrencer. Après des décennies passées à investir lourdement dans des diversifications restées lettre morte (les smartphones, l’automobile…), Intel et son nouveau CEO exécutent à la hussarde un plan de relance qui a le mérite de la clarté : refaire d’Intel l’usine à semi-conducteurs la plus efficace du monde. La question qui se pose après ces divers délestages, c’est de savoir si Intel pourra continuer à mener de front deux activités en partie complémentaires mais répondant à des impératifs technologiques et financiers différents : les processeurs d’un côté, et Intel Foundry Services de l’autre. La division fonderie d’Intel a déjà des statuts un peu à part…