L’analogique n’aime pas le changement. Les fabricants de composants analogiques et mixtes sont généralement des sociétés très stables dirigées par des responsables qui restent très longtemps en place. Ainsi Analog Devices n’a-t-il connu que trois CEO depuis sa création en 1965 : Ray Stata, Jerry Fishman et Vincent Roche. Sa Némésis Texas Instruments aime également l’organisation sur le long terme : le remplacement de l’actuel CEO Rich Templeton, en place depuis 18 ans, par Haviv Ilan est planifiée de longue date. Dans la foulée de son prédécesseur Tom Engibous, Rich Templeton restera dans l’histoire de TI pour avoir aidé le fabricant à survivre à une double transition : l’abandon des circuits pour téléphones portables, jugés plus assez rentables, et l’évaporation du marché des DSP. Cela n’avait rien d’évident sur le papier : ces deux activités pesaient peu ou prou la moitié des ventes de TI jusqu’au début des années 2000… Les rachats externes (Burr-Brown, National Semiconductor…) et le passage à des usines de production sur tranches de 300 mm ont permis à l’Américain de réussir cette mue et de maintenir tant sa place de leader en composants analogiques que ses marges très confortables. En 2022, TI a réalisé 8,75 milliards de dollars de bénéfices sur 20 milliards de chiffre d’affaires… Qui dit mieux ?