« Si SMIC ou une autre société chinoise fournit des circuits intégrés à la Russie, nous les fermerons, et nous le pouvons parce que presque toutes les puces fabriquées dans le monde, y compris en Chine, utilisent des matériels et des logiciels américains ». Gina Raymondo, la secrétaire américaine au commerce, n’y va pas par quatre chemins. La rivalité avec la Chine, devenue l’alpha et l’oméga de la diplomatie américaine depuis plus d’une décennie maintenant, surgit même dans le contexte de la guerre en Ukraine. Avec, toutefois, une justification qui interroge.
Que les Occidentaux critiquent l’ambivalence (pour le dire poliment) de la Chine, elle-même tiraillée entre un soutien de principe à la Russie et l’inquiétude de se retrouvée associée à une guerre d’agression, rien de plus normal. Mais arguer que la présence éventuelle de petits bouts de technologie brevetés aux Etats-Unis constitue un blanc-seing pour mettre le plus grand fondeur chinois à genoux, c’est autre chose. D’autant plus que l’essentiel des équipements de production de semi-conducteurs proviennent d’Europe et d’Asie, et que les Chinois sont en mesure d’écrire leur propre software. En route vers un troisième mandat, Xi Jinping continue de viser l’auto-suffisance technologique. Mais dans le domaine des semi-conducteurs, malgré les sommes investies, la Chine est encore loin du compte quant aux process de pointe, et les sanctions américaines visent précisément à maintenir cet état de fait. Pour autant, la Chine continue de produire l’essentiel des appareils électroniques vendus dans le monde, et absorbe donc la majeure partie des composants fabriqués par les Occidentaux et leurs alliés, Taïwan compris. Entre menaces publiques et nécessités commerciales, l’équilibre diplomatique paraît de plus en plus périlleux entre les Etats-Unis et la Chine.