L’industrie des semi-conducteurs a toujours été cyclique, alternant depuis des décennies trois ou quatre bonnes années et une mauvaise. Les raisons en sont connues, qui tiennent essentiellement à l’inertie industrielle. En plein boom, les fabricants investissent tous dans de nouvelles capacités de fabrication ; 18 à 24 mois plus tard, lorsque la production de volume démarre dans ces usines flambant neuves, l’afflux soudain de composants entraîne surproduction, guerre des prix et marché en berne, jusqu’à ce que la croissance naturelle de la demande rééquilibre le marché.
Mais les semi-conducteurs n’évoluent bien évidemment pas dans une bulle hermétique. Les aléas de l’économie globale ont aussi leurs effets. Ainsi, le retour des confinements dans certaines zones clés de la Chine ralentit aujourd’hui la fabrication de matériel électronique, et donc la demande de puces. Le conflit en Ukraine, la remontée des taux et l’inflation jouent aussi contre un marché qui, paradoxalement, peine par ailleurs à produire certains composants, notamment pour l’automobile.
Si l’année 2022 devrait être moins positive qu’annoncé pour les semi-conducteurs, il est donc difficile de distinguer les causes structurelles et conjoncturelles de ce ralentissement. Et si le retour à l’atonie des ventes de PC était attendu, la maturation du secteur des smartphones demeure incertaine. Il semble que les consommateurs ne se ruent pas aveuglément sur les modèles 5G, et qu’ils renouvellent leurs téléphones de moins en moins souvent car le gain de performances, d’une année sur l’autre, n’a plus rien d’évident. Une bonne nouvelle pour la planète, mais un changement de paradigme pour une industrie des composants dopée aux smartphones depuis quinze ans.