Couverture ElectroniqueS n°127

Plus de 60% des responsables du secteur automobile craignent une baisse significative des ventes lorsque les primes à la casse prendront fin, indique une enquête européenne du cabinet d’études et de conseil Ernst&Young. Selon une enquête menée par Ernst & Young auprès de 300 constructeurs et équipementiers automobiles de douze pays européens, un tiers des acteurs du marché ont une vision pessimiste et pensent que le retour à une croissance des ventes soutenue ne se fera pas avant 2011. Plus de 60 % des responsables ayant répondu à cette enquête craignent une baisse significative des ventes lorsque les primes à la casse prendront fin (les personnes interrogées en France s’estiment inquiètes à 86 %, en Allemagne à 74 % et en Italie à 60 %). « Dans cette crise d’une gravité exceptionnelle, l’embellie n’est pas encore en vue. Alors que certains secteurs amorcent un redémarrage, l’automobile devra encore parcourir un long chemin avant une reprise durable », commente Peter Fuss, responsable du secteur automobile chez Ernst & Young. « L’évolution du marché vers des voitures plus petites et meilleur marché représente un défi majeur. En effet, ces voitures sont moins rentables pour les fournisseurs, les fabricants et les concessionnaires », ajoute Eric Wallbank, directeur des marchés automobile pour la zone EMEIA (Europe, Moyen Orient, Inde et Afrique) chez Ernst & Young. « Même lorsque les volumes de ventes augmenteront, la rentabilité pourrait ne pas s’améliorer. Ceci affecterait notamment les fabricants des véhicules haut de gamme en Allemagne et au Royaume-Uni », ajoute-t-il. L’enquête souligne également que la réduction de la consommation de carburant et des émissions de CO2 ainsi que l’investissement dans les nouvelles technologies telles que les voitures électriques joueront un rôle essentiel pour sortir l’automobile de la récession avec respectivement 65 % et 64 % des opinions exprimées dans l’enquête. « Il est difficile de prévoir qui seront les gagnants et les perdants lorsque la crise sera terminée. Les grands industriels, dans tous les pays, sont extrêmement mobilisés et s’efforcent de répondre à ces nouveaux défis, chacun avec ses atouts et sa vision. La compétition est encore très ouverte. L’avenir désignera ceux qui auront su faire évoluer leur business model et maintenir un niveau élevé en matière d’innovation », affirme Peter Fuss. Une action à l’échelle européenne s’impose « Le marché n’est pas porteur. Il y a des surcapacités. Nous allons perdre des emplois. Quand les primes à la casse vont cesser, nous pourrions faire face à de nouvelles faillites. Si les dirigeants nationaux continuent à raisonner en fonction de leurs échéances électorales, nous risquons à nouveau, comme en 2008-2009, de manquer totalement de coordination européenne. Or, que cela soit clair : le traitement national de la crise, tel qu’on l’a connu, met en péril la survie de l’industrie automobile européenne », a pour sa part expliqué Peter Scherrer, secrétaire général de la fédération européenne des métallurgistes, dans un entretien à La Tribune, relayé par le CCFA (Comité des constructeurs français d’automobiles). Il a demandé à José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, la création d’un “ Conseil européen de l’automobile ” pour clarifier la contribution de chaque Etat-membre au secteur et avoir une vraie stratégie de restructuration. « L’évolution du marché vers des voitures plus petites et meilleur marché représente un défi majeur », souligne Ernst & Young. 50 millions d’euros pour sauver la sous-traitance automobile française Un fonds destiné aux sous-traitants automobiles français de rang 2 jugés les plus stratégiques par leurs clients – les équipementiers de rang 1 – et doté de 50 millions d’euros, vient d’être créé par le FMEA (Fonds de modernisation des équipementiers automobiles), le FSI (Fonds stratégique d’investissement) et plusieurs grands équipementiers. Ce fonds, baptisé FMEA Rang 2, sera logé au sein du Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA). Ce dernier, réservé aux équipementiers de rang 1 – qui traitent directement avec les constructeurs – est financé par les constructeurs Renault, PSA et par le Fonds stratégique d’investissement (FSI) à hauteur de 600 millions d’euros.Le tour de table prévoit notamment que le FMEA apporte 25 millions d’euros, le FSI sept millions d’euros et les équipementiers Valeo, Faurecia, Plastic Omnium et l’allemand Bosch, quatre millions d’euros chacun. Les investissements, qui prendront la forme d’interventions minoritaires en fonds propres ou quasi fonds propres dans des sous-traitants peinant à trouver les moyens d’innover et de se développer, pourront être réalisés dès la fin de l’année pour des montants d’un ou deux millions d’euros à chaque fois.

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