Couverture ElectroniqueS n°127

A première vue, beaucoup d'embauches ont eu lieu cette année et auront lieu l'an prochain dans les sociétés qui fournissent des prestations dans le domaine des systèmes. Mais un grand nombre de ces recrutements sont dus au départ de collaborateurs vers des grands groupes. Souvent clients de ces PME, ces derniers ont le temps d'apprécier les compétences de jeunes diplômés auxquels ils offrent une certaine stabilité. S outenues par une forte activité dans le domaine de l'aéronautique, des transports terrestres, de la défense et du multimédia, les PME et ETI qui offrent des prestations d'étude et de réalisation de systèmes électroniques embarqués procéderont à de nombreuses embauches en 2013, comme cela aura d'ailleurs été le cas en 2012. Elsys Design, une ETI spécialisée dans les services de conception en électronique (cartes électroniques et logiciels embarqués) avec un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros pour un effectif de 450 personnes, prévoit encore une centaine de recrutements avant la fin de l'année 2012, après avoir opéré 200 embauches depuis le début de l'année pour compenser en partie les départs, un certain nombre de jeunes étant approchés par des grands groupes après quelques années passées au sein de l'entreprise. Autre PME qui embauche, LGM Ingénierie (14 millions d'euros de chiffre d'affaires pour un effectif de 130 personnes), une filiale de LGM Group, est spécialisée dans le développement de systèmes électroniques et logiciels embarqués, de bancs de test et de réseaux multiplexés embarqués, avec notamment un laboratoire de validation de systèmes embarqués pour l'automobile. «40 recrutements ont eu lieu en 2012 et 50 embauches supplémentaires devraient suivre en 2013. Nous avons subi en 2012 davantage de départs que les années précédentes, car beaucoup de nos anciens collaborateurs ont été happés par certains de nos clients, essentiellement des grands groupes, dans l'aéronautique, le pétrole, le médical. Une trentaine de salariés nous ont quittés de cette manière l'an passé», explique Michel Koechlin, directeur du développement (recrutement, RH, développement commercial) chez LGM Ingénierie. «Les clients les voient à l'œuvre et ont le temps de les apprécier. D'un autre côté, nos collaborateurs voient souvent un intérêt à rejoindre un grand groupe tel que Sagem, Schlumberger ou Als-tom, surtout avec une promesse d'augmentation de salaire. Par ailleurs, en raison du climat économique, les programmes que nous confient nos clients, autrefois de 3 à 5 ans, ont tendance à être écourtés. Certains collaborateurs, qui y voient une situation instable, cherchent de plus longs programmes, des projets de plus longue haleine, qu'ils trouvent plus facilement dans des grands groupes », souligne Michel Koechlin. L'industrie de pointe est plébiscitée Les jeunes diplômés avouent eux-mêmes être séduits par les grands groupes, comme en témoigne la dernière édition du palmarès employeurs de RegionsJob, l'un des principaux acteurs de l'emploi et de la formation sur Internet, réalisé sous le contrôle d'Opinion Way, édité en partenariat avec « L'Express » avec le soutien de l'ANDRH – Association Nationale des DRH– et du «Journal des Entreprises». Dans la lignée du Palmarès 2011, les répondants ont plébiscité des entreprises innovantes, en particulier, Airbus, qui est à nouveau sur la première marche du podium, ainsi que EDF et Thales qui se placent en 2 e et 3 e position au niveau national. Déjà en tête du classement national en 2011, Airbus reste l'employeur français de référence avec une image incontestable d'entreprise d'avenir. EDF est attractive pour la stabilité de l'emploi et la formation. Quant à Thales, au-delà de la fierté d'y travailler, les répondants perçoivent l'entreprise comme permettant de développer ses compétences. Le palmarès Employeurs RegionsJob a donné en 2012 la parole à près de 12000 internautes qui ont évalué plus de 1 000 entreprises sur 24 critères RH, dans les 8 grandes régions françaises. Ce découpage régional offre une photographie précise de l'attractivité des employeurs. Cette année, 91 % des répondants ne travaillent pas dans les entreprises qu'ils ont notées. Les résultats sont bien le reflet d'une vision externe de l'entreprise mesurant la qualité de l'image employeur. MiCHel KoeCHlin, directeur du développement (recrutement, RH, développement commercial) chez lgM ingénierie “ Beaucoup de nos anciens collaborateurs ont été happés par certains de nos clients, essentiellement des grands groupes, dans l'aéronautique, le pétrole, le médical. ” « Trois grandes tendances se dessinent cette année : l'industrie de pointe est plébiscitée ; les valeurs montantes sont l'environnement, la santé et le bien-être… Nous avons constaté en outre un intérêt accru des répondants pour les entreprises portant un engagement sociétal fort », analyse Gwénaëlle Quenaon-Hervé, directrice générale de RegionsJob. Pour les entreprises, le palmarès Employeurs RegionsJob permet de mesurer l'impact de leurs actions sur leur image employeur. Plus largement, pour tous les professionnels RH, il est une source d'information sur les bonnes pratiques mises en place dans le cadre de la diversité, du développement des compétences, de l'égalité hommes-femmes, de la formation ou encore du respect de l'environnement. Pourtant, malgré ce plébiscite, les PME et ETI tentent de résister à cette concurrence des grands groupes en leur offrant une structure à taille humaine, et pour les jeunes qui aiment la technique, de se constituer une expérience originale qu'ils ne trouveront pas dans les grands groupes, en un mot de «s'éclater», selon le terme employé par Marion Ruciak, responsable du développement ressources humaines de Elsys Design. « Nous offrons de véritables évolutions de carrières technologiques. La particularité de notre entreprise est que chaque plan de carrière est suivi par un responsable d'affaires issu de la technique et que 100% de notre effectif est composé d'ingénieurs et de cadres », précise Marion Ruciak. La société comporte essentiellement trois grandes branches: une branche technique avec des experts techniques et des référents métiers, une branche management, avec des chefs de projets et des coordonnateurs de plateau (qui sont amenés à diriger une équipe sur un site clients), enfin une branche business avec des responsables d'affaires (qui sont des ingénieurs qui ont évolué vers une carrière commerciale). Avec plus de 150 clients et en s'adressant à un grand nombre de secteurs d'applications, la société parvient à amoindrir les effets de la crise. «Quand un secteur d'activité vit une période de difficulté, nous pouvons ainsi continuer à nous développer», souligne Marion Ruciak. « Les entreprises d'électronique ont tendance à faire appel aux prestataires de services, car elles n'ont pas de masse salariale à gérer et notre caractère de spécialiste les rassure », ajoute-t-elle. Elsys Design recrute typiquement des candidats ayant trois à cinq ans d'expérience, après une première expérience dans l'industrie, ainsi que des jeunes diplômés d'écoles d'ingénieurs. La société travaille avec une trentaine d'écoles ayant une spécialité «systèmes embarqués» etparti-cipe à des forums et des salons en partenariat avec ces écoles. Elle a engagé 80 actions avec les écoles dans toute la France, notamment à Grenoble, Paris, Sophia-Antipolis et dans l'ouest de la France. Ce ne sont pas les grandes écoles qui ont une réputation de prestige qui sont abordées «car les diplômés de ces écoles ne veulent pas faire de la technique pure » , selon la responsable RH, mais les écoles qui sont un peu moins bien classées. « Ces écoles ont évolué et forment de plus en plus à des nouveaux cursus tels que l'environnement, l'énergie, le médical. Nous sommes donc amenés à faire évoluer nos employés vers ces spécialités», souligne Marion Ruciak. LGM Ingénierie a, pour sa part, deux tiers d'ingénieurs et de cadres et un tiers de techniciens (notamment des techniciens de validation électronique venant des IUT et des STS). « De nombreuses écoles ont désormais une dominante systèmes embarqués. Outre la conception de cartes électroniques, avec aussi bien des spécialisations dans les domaines de l'analogique, du numérique, de la puissance, de la conception de FPGA et de systèmes sur puce, nous recherchons aussi des spécialistes de la fiabilité, puisque nous offrons à nos clients des prestations de sûreté de fonctionnement directement en amont des projets, ainsi que des doubles compétences en matériel et logiciel», précise-t-il. initiative gouvernementale PouR DiFFuseR la teCHnologie et CRéeR Des eMPlois Dans les PMe le portefeuille de brevets et de technologie des organismes de recherche s'ouvre aux PMe. le gouvernement vient en effet d'annoncer le lancement d'une initiative de diffusion technologique dans les territoires. s'inspirant de l'expérience réussie de la Direction de la recherche technologique du Cea, à grenoble, trois expérimentations similaires à Bordeaux, nantes et toulouse seront mises en place. «C'est en allant à la rencontre des PMe pour leur donner accès aux dernières technologies que la France gagnera la bataille de la compétitivité. la technologie doit intégrer l'aDn de nos PMe et nos entreprises de taille intermédiaire (eti)», souligne le communiqué gouvernemental annonçant ce dispositif. Dès janvier 2013, des équipes de chercheurs, d'ingénieurs, véritables ambassadeurs de la technologie, seront recrutées localement pour mettre leur savoir-faire au service des entreprises, afin de doter le tissu industriel d'un outil pour produire, maîtriser et transférer de la technologie innovante. avec l'appui majeur des collectivités, l'implication de l'ensemble des organismes de recherche qui le souhaitent, et le soutien de l'écosystème de la recherche, cette initiative répond à la nécessité de réindustrialiser la France en positionnant notre offre productive nationale sur le terrain de la compétitivité qualité et de la montée en gamme des produits. «C'est donc une initiative audacieuse en faveur de l'industrie, de l'emploi et de la compétitivité», conclut le gouvernement, qui attend beaucoup de cette initiative. MaRion RuCiaK, responsable du développement Ressources Humaines de elsys Design “ La particularité de notre entreprise est que chaque plan de carrière est suivi par un responsable d'affaires issu de la technologie. ” En terme d'évolution de carrière, LGM Ingénierie propose à ceux qui veulent rester dans la technique pure de devenir coordinateur technique, ce qui implique la gestion de projets et de coûts associés à ces projets, et à ceux qui veulent évoluer vers un poste de manager, de devenir responsable d'équipe. La société recrute à la fois des ingénieurs débutants et des employés un peu plus experts dans leur domaine (entre 5 et 10 ans d'expérience. « Grâce à notre spécialité de qualification-validation lancée il y a deux ans, nous avons gagné des parts de marché, et nous avons pu rester chez PSA qui a pourtant fait le choix de généralistes pour la plupart de ses prestataires. C'est notre expertise dans le domaine du logiciel embarqué et des réseaux embarqués qui fait la différence», affirme Michel Koechlin.

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