Bruxelles souhaite mettre en place un soutien mieux ciblé qui permettrait de mobiliser 100 milliards d’euros d’investissements privés pour la micro- et la nanoélectronique.
La Commission européenne vient de lancer une campagne en faveur d’investissements publics coordonnés dans les secteurs de la micro- et de la nanoélectronique qui vise à développer la base industrielle de l’Europe dans les technologies avancées.
“L’Europe ne peut rester à la traîne, pendant que d’autres investissent massivement dans les puces. Nous devons renforcer et rassembler nos atouts actuels, et développer de nouveaux points forts. Une coordination rapide et étroite des investissements publics aux niveaux européen, national et régional est nécessaire à cette transformation”, souligne Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne.
Le secteur électronique européen constitue l’assise de la compétitivité industrielle générale de l’Europe, parce qu’il crée des technologies génériques fondamentales pour d’autres secteurs, que ce soit l’énergie, l’automobile ou la santé. Le développement du secteur électronique est essentiel à la croissance et à la création d’emplois en Europe, reconnaît la Commission.
Neelie Kroes s’est fixé l’objectif de “doubler notre production de puces, de sorte qu’elle atteigne près de 20% de la production mondiale”. “Je veux que l’Europe produise sur son territoire plus de puces que les États-Unis n’en fabriquent chez eux. L’objectif est réaliste, si nous orientons bien nos investissements”
, affirme-t-elle.
Cette stratégie industrielle prévoit une augmentation et une coordination accrue des investissements en R&D et innovation — maximisant l’impact des investissements de l’Union européenne et des Etats membres grâce à une meilleure coopération transfrontière (l’objectif étant que 70% des investissements publics provienne des Etats membres et 30% de l’Union européenne)
Elle s’appuie aussi sur un renforcement des trois pôles électroniques européens de niveau mondial, à savoir Dresde en Allemagne, Eindhoven aux Pays-Bas et Louvain en Belgique, enfin, Grenoble en France, et sur la mise en réseau de ces pôles avec d’autres pôles européens de pointe, notamment Cambridge au Royaume-Uni, la Carinthie en Autriche, Dublin en Irlande et Milan en Italie.
La stratégie s’articulera autour de trois grands axes complémentaires : réduire le coût des puces (avec le passage aux tranches de 450 mm de diamètre), accélérer leur production (“More Moore”) et les rendre “plus intelligentes” (“More than Moore”);
10 milliards d’euros provenant de sources privées et de financements régionaux, nationaux et de l’Union européenne derrière un ensemble commun d’objectifs en termes de recherche et d’innovation seront mobilisés dans un premier temps. Sur ce montant, 5 milliards d’euros seront dégagés dans le cadre d’un partenariat public-privé. Ce partenariat d’une durée de 7 ans est destiné à couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur et d’innovation dans le secteur de l’électronique, notamment par le financement de projets d’innovation à grande échelle au titre du prochain programme européen de recherche baptisé “Horizon 2020”.
Neelie Kroes a ajouté que cette stratégie doit permettre à l’industrie européenne “de mieux transformer les innovations de la recherche en technologies commercialement exploitables”
La mise en œuvre réussie de cette stratégie aura pour effet, selon la Commission, de mettre davantage de composants micro- et nanoélectroniques à la disposition des industries-clés en Europe ; de renforcer la chaîne d’approvisionnement et l’écosystème de ces technologies, accroissant ainsi les opportunités pour les PME ; d’accroître l’investissement dans les techniques de fabrication avancée ; enfin de stimuler l’innovation tout au long de la chaîne d’approvisionnement, ce qui dopera la compétitivité industrielle de l’Europe. Les ambitions de la Commission s’appuient sur l’opinion de chercheurs et de l’industrie de l’électronique qui, à la fin de l’année 2012, ont tracé les grandes lignes d’une stratégie qui devrait générer un investissement total de 100 milliards d’euros entre 2013 et 2020, soit 10 fois plus que la mise de départ annoncé par la Commission.
Aujourd’hui, après avoir connu une croissance annuelle moyenne de 5% depuis 2000, l’industrie électronique européenne représente 200 000 emplois directs et un million d’emplois indirects. Et il reste encore des emplois à pourvoir pour du personnel qualifié.
Tous les secteurs économiques en Europe profiteront de cette stratégie, puisqu’au moins 10% du PIB dépend de produits et services électroniques, conclut la Commission.