Accès, usages, “smart” territoires, emploi, international… La filière attend un soutien de 11 milliards d’euros pour placer le numérique à sa juste ambition pour l’avenir de la France.
En ouverture des Assises du Très Haut Débit, le 2 juillet, à Paris, Etienne Dugas, président d’InfraNum (la fédération des entreprises partenaires des territoires connectés) a exposé son plan pour le numérique, dans le cadre du futur plan de relance gouvernemental.
C’est un plan précis et chiffré, détaillant par objectif et par projet, le coût de chaque mesure, qui vient d’être remis, à l’occasion des Assises du THD organisées par Aromates, l’Avicca et InfraNum. Il découle de 2 travaux majeurs préalables : l’étude d’impact réalisée par les cabinets EY/Tactis, commanditée par InfraNum suite à la période de confinement, et présentée le 15 juin, et l’Observatoire 2020 du THD, réalisé par l’Idate et présenté le 25 juin.
Au-delà du « plan de reprise » post-Covid et de « Plan France THD », il vise à faire face aux grands défis pour répondre aux enjeux prioritaires de la France en termes de généralisation de la fibre et de territoires connectés, avec 3 thématiques transversales majeures : l’emploi la transformation numérique des entreprises et l’export.
Le numérique, moteur de la relance
Le numérique a constitué le principal amortisseur de la crise Covid,estime InfraNum. La filière des infrastructures numériques, qui représente un poids économique de 52 milliards d’euros, 13000 entreprises et 280000 emplois, évalue l’accompagnement nécessaire au numérique à 11 milliards d’euros. Un peu plus de 60% de cette somme pourrait être pris en charge par les pouvoirs publics (Etat, collectivité, Europe) dans le cadre du plan européen de relance.
Volontairement ambitieux, ce plan en cinq points permettrait de :
– passer du Plan France THD 2022 à la généralisation du FTTH : 5,4 milliards d’euros seraient nécessaires pour généraliser la fibre partout en France d’ici 2025, sans oublier de fournir du THD d’ici là aux personnes connectées tardivement.
– construire un Plan de développement des « Smart Territoires durables » à l’échelle nationale : 1,5 milliards d’euros seraient nécessaires pour le définir d’ici fin 2021.
– sécuriser l’emploi et les passerelles de formation vers les nouveaux métiers des infrastructures numériques : 13 M€ seraient nécessaires pour sécuriser les crédits du PIC – Plan d’investissement dans les compétences (permettant de mettre en place un nouvel EDEC – Engagement de développement de l’emploi et des compétences) et soutenir l’offre de plateaux de formation techniques dans chaque région.
– assurer la transformation numérique de l’économie française : 960 M€ pour poursuivre les mesures proposées lors de la reprise post Covid (aides au raccordement, crédit d’impôt, etc.) et mettre en place dès 2020 un cadre réglementaire permettant un accès équitable à la fibre à toutes les entreprises et administrations (structuration de l’offre, raccordements mutualisés, subventions aux usages numériques…).
– réussir l’export de nos produits et savoir-faire en matière d’infrastructures numériques : 3,2 milliards d’euros pour mettre en place et accompagner l’export des savoir-faire français, principalement en Afrique et en Europe.
Par ailleurs, un complément de financement pour les 3 millions de prises restantes est nécessaire (InfraNum estime qu’il manque 400 millions d’euros au FSN – Fonds national pour la société numérique ) et à la création d’un fond de filière, impliquant la Banque des territoires, qui viendrait soutenir les fonds propres des acteurs du secteur.
“Plus aucun doute que le numérique sera un pilier et un moteur de la relance à bâtir”, estimeInfraNum. Mais reste à savoir comment le nouveau gouvernement, qui sera annoncé dans quelques jours, accueillera ces propositions.
L’intégralité de l’étude d’impact EY/Tactis et du plan de relance sont disponibles sur ce lien.